Chapeaux médiévaux: quels types portaient-ils à l’époque ?

Le port du couvre-chef était parfois imposé par la loi, notamment pour distinguer les statuts sociaux ou religieux. Certaines formes de chapeaux restaient strictement réservées à une élite, tandis que d’autres, modestes ou fonctionnelles, circulaient parmi les artisans et paysans. Les matériaux, la hauteur ou la découpe du bord pouvaient signaler une appartenance régionale ou professionnelle.

La diversité des styles, des capuchons de laine aux hennins sculpturaux, reflète des usages précis et des mutations dans la société médiévale. Les évolutions vestimentaires suivent les changements économiques, politiques et religieux de l’époque.

À quoi ressemblaient vraiment les chapeaux médiévaux ?

Ici, pas de cliché figé ni de spectacle figé dans le folklore. Les chapeaux médiévaux dressent le portrait d’une époque où chaque détail finit par marquer l’identité d’une silhouette : usage précis, volonté d’afficher son appartenance ou simple audace. On connaît la caricature du chapeau pointu ou du bonnet à cornes, mais la réalité du Moyen Âge laisse entrevoir une diversité insoupçonnée.

Sur les enluminures, on distingue hennins élancés, bonnets froncés, coiffes enveloppantes ou calottes ajustées. Les femmes de l’aristocratie rivalisent d’excentricité : voiles en cascade, architectures en tissus défiant l’équilibre, cônes et cornes jumelles incarnent la sophistication bourguignonne d’un XVe siècle inventif.

Chez les hommes, l’éventail est tout aussi large. Les paysans s’en tiennent à leur bonnet Moyen Âge en laine, tandis que marchandises, artisans ou notables choisissent la casquette à revers, le chapeau à larges bords ou la calotte rehaussée. Les couleurs, la façon de replier le bord ou d’attacher un galon trahissent d’emblée la fonction comme la position sociale.

Parmi les formes les plus courantes à croiser, on retrouve deux grandes variétés :

  • Chapeaux pointus ou plats, avec des bords larges ou relevés, variant selon les régions
  • Coiffes en lin ou en soie, parfois constellées de broderies ou de perles
  • Calottes moulantes et bonnets pour garder la chaleur, parfois avec des rabats couvrant les oreilles

Au-delà de la protection, le chapeau affirme la place qu’on occupe, l’origine qu’on revendique, voire la position qu’on conteste.

Styles et matériaux : une diversité selon les classes sociales et les régions

À la cour, on expose d’entrée la richesse et le rang. Les étoffes rutilantes, soie, velours, agrémentées de pierres précieuses ou de perles, dominent la garde-robe. Les dames s’enveloppent de lin vaporeux ou de hennins surélevés encore rehaussés de tulles et broderies, alors que les grands seigneurs privilégient la laine feutrée, précieuse et durable.

Dans les villes du royaume de France ou d’Europe du Nord, la laine règne en maître. Les chapeliers, artisans aguerris, produisent des chapeaux robustes en feutre, capables d’affronter les hivers. Les citadins, eux, réservent leur préférence aux casquettes, bonnets à oreilles ou chapeaux structurés, toujours prêts à montrer la moindre nuance de hiérarchie. Un ruban, une plume, un galon : tout compte dans la perception publique.

La diversité géographique s’invite aussi dans les matériaux : schapka russe incrustée de perles à l’est, mélanges coton et laine sous climat méditerranéen. La matière n’est pas le fruit du hasard ; elle révèle souvent la région, la condition ou même la situation familiale de celle ou celui qui la porte.

Choisir sa coiffe ou son chapeau, c’était conjuguer utilité, statut et parfois, goût pour la nouveauté. Chaque détail renseigne sur l’époque, la profession ou la trajectoire d’une famille.

Quand la mode évolue : l’influence des siècles sur les couvre-chefs du Moyen Âge

Au début du Moyen Âge, tout commence simplement : lin, laine, rien de spectaculaire. Puis la mode s’accélère et bouscule les usages. Les chapeaux médiévaux deviennent le terrain de toutes les expérimentations, surtout à partir du XVe siècle où le hennin s’impose comme une marque d’affirmation. Carrure, hauteur, excentricité : chaque génération pousse le détail un peu plus loin.

Le bonnet à cornes traverse le nord de l’Europe, visible et parfois moqué pour son originalité. Les enluminures témoignent d’une mode qui ose, qui joue avec la satire et l’esprit. De l’autre côté, le chapeau pointu commence à forger la figure qui deviendra celle de la sorcière dans l’imaginaire collectif.

Le chaperon masculin, d’abord cape modeste, se transforme fortement au fil du XIVe siècle : il s’enroule, se fixe, devient emblème de raffinement citadin. Chez les cités marchandes ou au sein de la cour, les hommes revoient la calotte, la parent de galons et de tissus rares.

Plus la période touche à sa fin, plus les styles s’émancipent :

  • Au XVIe siècle, la casquette plate, souvent ornée d’une plume, se généralise chez les messieurs.
  • Les coiffes féminines gagnent en ampleur, annonçant le souffle nouveau de la Renaissance.

D’une décennie à l’autre, la mode médiévale avance, mute, s’inspire de la cour comme de la rue. Un chapeau n’a rien d’anodin : il capture l’air du temps, la position sociale, parfois même l’esprit de l’époque.

Jeune femme médiévale avec coif et panier de pommes

Pour aller plus loin : ressources et pistes pour explorer la mode médiévale

Le Moyen Âge fascine et ne cesse d’attirer curieux comme passionnés. Les chapeaux médiévaux font bien plus que couvrir la tête : ils exposent la structure d’une société, rendent palpable la diversité d’une Europe éclatée et témoignent d’une inventivité textile sans limite.

Pour qui souhaite approfondir, plusieurs outils s’offrent au regard. L’observation attentive des enluminures conservées dans les bibliothèques nationales, la découverte des objets textiles exposés dans de grands musées ou le travail minutieux de certains historiens du costume ouvrent la voie à une compréhension fine du raffinement médiéval. Chaque hennin, bonnet à cornes ou calotte porte la marque d’un contexte, raconte la mutation d’un métier ou d’une norme sociale.

L’histoire du costume n’ignore rien des échanges entre guildes de chapeliers, de la puissance du commerce textile ou de l’influence des grandes routes de la laine, de la soie et du feutre. Ces circulations alimentent la mutation des formes, repoussent la standardisation et laissent jaillir une multitude de déclinaisons.

Enfin, les liens entre costume, pouvoir, genre et transgression n’ont pas fini de susciter l’intérêt des chercheurs. Quand on pense au chapeau pointu, accusé de sorcellerie ou instrument de satire, rien n’est laissé au hasard : la coiffe devient déclaration, satire ou manifeste social. Ce chapitre, loin d’être clos, promet encore bien des révélations sur l’audace, l’affirmation ou l’imagination des sociétés médiévales.