95% des Marocaines ne portent pas de voile, et aucune amende ne plane au-dessus de celles qui s’y refusent. Le chiffre surprend, les idées reçues tombent : le Maroc ne dresse pas de barrière légale à la liberté vestimentaire dans l’espace public.
En l’absence de toute injonction juridique, la réalité sociale ne s’efface pas pour autant. Selon la région, la génération ou le contexte familial, le regard sur le voile change de couleur. Les habitudes locales, parfois les silences ou les encouragements, influencent l’apparence des femmes et dessinent une cartographie nuancée du quotidien marocain.
Le port du hijab au Maroc : que dit la loi ?
Au Maroc, porter le hijab découle d’une décision intime. Aucun texte ne contraint les femmes à se couvrir la tête dans la rue, à l’école ou dans les bureaux de l’administration. Le code pénal reste muet sur la question : ni obligation, ni interdiction, ni sanction en cas d’absence de voile. Les choix religieux, y compris vestimentaires, s’exercent dans la sphère privée, loin de tout contrôle policier ou judiciaire.
Contrairement à l’Iran ou à l’Arabie saoudite, où la loi impose un code vestimentaire strict aux femmes, le Maroc privilégie la liberté de conscience et la diversité des pratiques. Ici, chaque femme décide si elle souhaite porter le hijab, travailler tête nue, ou entrer dans un service public sans se couvrir. L’État marocain fait le pari de la pluralité et du respect des choix individuels.
Dans les textes de loi, aucune mention de sanction, aucune amende ne menace les femmes non voilées. La décision de se couvrir ou non appartient à chacune. Ce sont donc davantage les usages sociaux, parfois la pression familiale ou le poids des traditions, qui orientent les pratiques vestimentaires, jamais une règle gravée dans le marbre.
Ainsi, le Maroc laisse à chaque femme la latitude de choisir, tout en conservant, dans la société, un attachement au sens de la pudeur et à la discrétion. Mais ce sont là des repères culturels, non des obligations inscrites dans la loi.
Entre traditions et diversité : comment la société marocaine perçoit le voile
Dans les artères de Casablanca, sur les places de Fès ou dans les souks de Marrakech, la diversité des styles saute aux yeux. Certaines femmes arborent un hijab coloré, d’autres un foulard discret, d’autres encore laissent leurs cheveux libres. Le voile se décline, se réinvente, se superpose parfois à d’autres accessoires, mais il n’efface jamais la singularité de chacune.
Les postures varient aussi selon l’environnement. Dans un foyer attaché à la tradition, l’encouragement au port du hijab s’inscrit dans une logique de respect des valeurs familiales. À l’inverse, dans une famille urbaine ou plus ouverte, la décision est personnelle et rarement contestée. À l’université, sur les lieux de travail ou dans les cafés, femmes voilées et non voilées se côtoient sans que la question du voile ne devienne un point de rupture.
Les débats s’invitent parfois sur les réseaux sociaux, où s’expriment librement défenseurs de la liberté individuelle et partisans d’un attachement aux valeurs religieuses. Le Maroc avance, tiraillé entre un socle de traditions et un désir croissant d’expression personnelle. La société évolue, avec une mosaïque d’opinions et de pratiques où aucune n’efface les autres.
Si le choix individuel s’impose de plus en plus, la pression sociale n’a pas disparu partout. Selon la région, le quartier ou même la génération, les regards et les attentes fluctuent. Le voile ne se résume jamais à une couleur ou à une coupe : il reflète le cheminement de toute une société, entre continuité et renouveau.
Hijab au quotidien : quelles réalités pour les femmes marocaines ?
À Rabat, dans les quartiers traditionnels, comme sur les boulevards modernes de Casablanca, les femmes marocaines façonnent leur quotidien en toute autonomie vestimentaire. Certaines choisissent le hijab pour des raisons spirituelles, d’autres pour se conformer à des attentes familiales ou se sentir plus à l’aise dans l’espace public. Pour d’autres encore, il ne s’agit que d’une habitude, un vêtement parmi d’autres.
Le parcours professionnel n’est pas freiné par le port du hijab : médecins, avocates, entrepreneuses ou commerçantes y accèdent sans obstacle officiel. Pourtant, dans certains secteurs comme l’hôtellerie ou l’accueil, des discriminations informelles persistent. Une femme voilée peut parfois se heurter à un refus d’embauche ou à des remarques, sans que cela ne figure dans le règlement intérieur.
Voici quelques exemples concrets de la diversité des situations que peuvent rencontrer les femmes marocaines :
- Dans la sphère privée, la pression familiale varie énormément : certaines familles encouragent le port du voile, d’autres n’en font pas une priorité, et quelques-unes exercent une influence plus subtile, faite de regards ou de silences.
- Dans la rue, les réactions oscillent entre respect, indifférence, curiosité ou jugement, sans qu’une attitude domine totalement.
Le droit de choisir reste intact, mais la réalité sociale, elle, demeure multiple. D’une femme à l’autre, d’une région à l’autre, le voile raconte une histoire personnelle, composée d’équilibres, de tâtonnements, de gestes quotidiens et d’arbitrages silencieux. Il n’existe ni règle universelle, ni schéma figé : chaque parcours se trace à petits pas, entre héritage et aspirations nouvelles.
Voyageuses et résidentes étrangères : attentes et conseils pratiques
Fès, Essaouira, Marrakech : partout, les voyageuses et résidentes étrangères découvrent une société où la liberté vestimentaire s’exerce sans contrainte légale. Le port du hijab ne s’impose pas aux non-musulmanes, et nul ne vous demandera de vous couvrir la tête pour circuler ou visiter la ville. Le contraste avec l’Iran ou l’Arabie Saoudite est saisissant : ici, la diversité des styles s’affiche sans heurts.
Dans les grandes villes, il n’est pas rare de croiser, à quelques mètres d’intervalle, une femme en robe longue, une autre en jean, une troisième en djellaba traditionnelle. La cohabitation se fait sans incident. Les regards peuvent être curieux, mais l’accueil reste généralement bienveillant. Dans les villages ou les zones rurales, la discrétion est conseillée : la pudeur vestimentaire est appréciée, surtout lors d’événements religieux ou dans les lieux de culte.
Pour mieux s’adapter à ces contextes, voici quelques conseils à garder à l’esprit :
- À la mosquée, veillez à couvrir les bras et les jambes et retirez toujours vos chaussures à l’entrée.
- Dans la rue, préférez des tenues qui ne soient ni trop courtes ni transparentes, afin de ne pas attirer l’attention inutilement.
- À la plage, le maillot de bain est accepté dans les stations balnéaires, mais sur les plages rurales ou familiales, une tenue plus discrète sera mieux perçue.
Le Maroc accueille la diversité, tant que le respect des usages locaux accompagne la découverte du pays. Nul besoin de porter le voile islamique pour explorer, travailler ou s’installer : la liberté vestimentaire existe, à condition de s’inscrire dans une dynamique de respect mutuel et d’ouverture à l’autre.
Entre codes ancestraux et choix contemporains, le Maroc tisse chaque jour une toile de nuances où le voile, loin d’être imposé, devient l’expression d’une identité plurielle. Les femmes y avancent, chacune à sa façon, sur la ligne de crête entre héritage et liberté.


